Le lendemain du duel, Kiro marchait dans les couloirs d’Aetherhall avec un étrange mélange de fierté et de méfiance. Son nom circulait déjà. Il n’avait fallu qu’un combat pour briser l’anonymat. Partout où il allait, des regards se posaient sur lui : certains admiratifs, d’autres remplis de suspicion, et quelques-uns... franchement hostiles.

  Même dans la grande bibliothèque, là où le silence était normalement sacré, les murmures s’élevaient.

  — C’est lui ?

  — Ouais, Kiro Yamasai. Le gamin qui a humilié Saren Valgrys.

  — Il a utilisé une magie de niveau supérieur sans incantation… c’est pas normal.

  Il les entendait tous, même s’il faisait semblant de ne pas les remarquer.

  Radis, calme comme toujours, souffla dans son esprit :

  ? La puissance attire l'attention. Et l'attention attire les ennemis. Tu t'y habitueras. ?

  Kiro referma un grimoire ancien et se leva. Il s’apprêtait à quitter la salle lorsqu’un messager en uniforme bleu s’approcha avec un sceau doré dans la main.

  — Ordre officiel. Le Conseil de Surveillance Magique te convoque immédiatement.

  Kiro prit l’enveloppe. Le parchemin vibrait légèrement dans sa main. Pas une simple invitation. Une convocation. Ils veulent savoir qui je suis.

  Le batiment du Conseil se dressait à l’écart de l’académie, entre les bois magiques et les tours d’astronomie. On disait que c’était là que l’on décidait du sort des mages dangereux… ou prometteurs.

  Quand il entra, il sentit une pression écrasante l’envahir. Comme si le lieu lui-même lisait ses pensées. Il se tenait au milieu d’une salle circulaire, entourée de sièges élevés dans l’ombre. Un cercle de mages l’observait depuis les hauteurs, leurs visages à peine visibles.

  Une voix s’éleva, grave et puissante.

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  — Kiro Yamasai. Tes résultats aux tests, ton duel contre Saren Valgrys, et la structure magique que tu as manifestée… tout cela dépasse les standards de ta génération. Voire… de cette époque.

  Kiro ne répondit pas tout de suite. Il sentait le piège potentiel. Trop parler, c’était se trahir. Trop se taire, c’était éveiller davantage les soup?ons.

  — Je ne fais que m’améliorer, répondit-il simplement.

  Un autre membre du Conseil, une femme à la voix tranchante, répliqua aussit?t :

  — Il n’y a pas de trace de formation avancée dans ton dossier. Tu viens d’un établissement de niveau moyen. Et pourtant, tu manipules les couches de mana comme un expert.

  Une pause. Puis une autre voix, plus neutre, intervint :

  — Nous avons scanné ton flux magique. Tu portes deux signatures. L’une d’elles est… ancienne. Très ancienne.

  Un silence gla?ant s’abattit.

  Radis ne dit rien. Il attendait. Il testait la réaction de Kiro.

  Kiro, lui, sentit son c?ur s’emballer. Mais il tint bon.

  — Je ne sais pas ce que vous avez vu. Je suis juste… moi.

  Un murmure discret monta parmi les membres du Conseil.

  Mais au lieu d'une sanction, ce fut une décision inattendue qui tomba :

  — Tu ne seras pas puni, ni exclu. Au contraire. Tu vas intégrer le programme spécial de l’élite combattante. L’unité Obsidienne.

  Les mots le frappèrent de plein fouet.

  L’unité Obsidienne ? C’était le groupe réservé aux élèves les plus doués, ceux qu’on formait pour devenir des mages de guerre, des commandants, voire des légendes vivantes. On disait qu’aucun étudiant normal ne passait les épreuves de cette unité sans y laisser quelque chose.

  — Tu commenceras la semaine prochaine. Prépare-toi. Et surtout, reste stable.

  Le Conseil disparut dans un souffle d’ombre.

  Kiro resta là, seul, l’esprit en vrac.

  Radis, enfin, parla.

  ? C’est plus t?t que prévu… mais on ne peut pas refuser. ?

  — Tu le savais ? souffla Kiro en quittant la salle.

  ? Non. Mais ce monde veut des armes. Pas des héros. Ils ont vu un danger en toi… alors ils préfèrent t’avoir sous contr?le. ?

  Kiro serra les poings.

  — Je ne serai l’arme de personne.

  ? Alors deviens assez fort pour choisir. ?

  Dans un autre coin de l’académie, Saren Valgrys frappait contre le bois d’un mannequin d’entra?nement, les doigts en feu, le regard vide de toute pitié.

  Derrière lui, une silhouette encapuchonnée murmurait :

  — Tu veux te venger ? Il y a… d’autres moyens. Des moyens que l’académie ne conna?t pas.

  Saren se retourna, la machoire crispée.

  — Je l’écraserai. Qu’il ait triché ou pas. Il ne me surpassera pas.

  Un pacte silencieux se forma dans l’ombre.

  Et pendant que Kiro s’élevait… ses ennemis commen?aient à rassembler leurs forces.

  Fin du Chapitre 6.