Trois jours s’étaient écoulés depuis Kharenn-Frost.
L’académie était restée étrangement silencieuse. Aucun rapport officiel. Aucune mention de l’incident dans les cours ou les bulletins internes.
Mais ceux qui savaient… savaient.
Et depuis ce jour, Radis restait silencieux.
Pas une parole. Pas un murmure.
Kiro sentait pourtant une tension dans son esprit, comme si quelque chose bouillonnait juste sous la surface. Comme si une porte avait été entrouverte… et qu’elle ne pouvait plus se refermer.
Puis, une nuit, alors qu’il méditait dans la salle d’isolation magique de l’unité Obsidienne, la voix de Radis revint, plus lourde, plus grave qu’avant.
— Tu as libéré quelque chose dans cette ruine. Et moi aussi. Il est temps qu’on parle sérieusement.
— Je croyais qu’on avait déjà commencé, répondit Kiro, les yeux fermés.
— Non. Jusqu’ici, tu flottais. Maintenant, tu vas plonger. Dans ce que je suis. Et dans ce que tu devras devenir.
L’espace bascula.
Kiro ouvrit les yeux… et se retrouva ailleurs.
Un désert de cendres rouges. Un ciel noir, sans étoiles. Des colonnes de feu jaillissaient du sol, lentes et sinistres, comme des respirations profondes.
— Où est-ce qu’on est ? murmura Kiro.
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— Dans ma mémoire, répondit Radis, apparaissant devant lui, silhouette humaine aux yeux d’or incandescent. — Ici, j’ai connu l'apogée. Et la chute.
Autour d’eux, des milliers de runes flottaient dans l’air, en silence.
— Tu veux manier ma magie ? Alors il faut que ton esprit y survive.
Radis tendit la main.
Un cercle ancien s’activa sous Kiro.
— Prépare-toi. Chaque seconde ici sera une guerre contre toi-même.
Le sol trembla.
Un golem de feu surgit de la poussière, haut de trois mètres, formé uniquement d'énergie brute. Il chargea sans prévenir.
Kiro esquiva de justesse.
— Ce n’est pas un simple monstre. C’est ta colère refoulée, cria Radis. Si tu ne l’acceptes pas… elle te détruira.
— Ce n’est qu’un entra?nement mental ! cria Kiro, tentant de dresser une barrière.
— C’est ton ame, Kiro ! Ici, la douleur est réelle.
La créature frappa, brisa le bouclier. Kiro roula au sol, le souffle coupé.
Il se releva, les genoux tremblants. Le feu lui léchait les bras, mais il tenait bon.
— Tu crois que tu es spécial ? continua Radis. Tu crois que le monde va attendre que tu sois prêt ? Il va t’écraser. Encore et encore.
Kiro hurla et lan?a une vague de mana brute. Le golem recula, mais n’explosa pas. Il se reforma, plus rapide, plus violent.
— Tu n’arriveras à rien si tu ne plonges pas en toi-même !
Radis tendit la main vers son propre torse — et en arracha un éclat de lumière.
— Prends ?a. Absorbe-le. C’est mon essence. Mon feu. Mais attention…
Il approcha.
— Ce que tu prendras de moi… tu ne pourras plus le rendre.
Kiro hésita.
Puis il posa la main sur l’éclat.
La douleur fut instantanée. Une chaleur qui n'était pas physique — mais existentielle. Son ame br?lait. Il cria, tomba à genoux. Mais il tint bon.
Le monde autour de lui devint flamme. Le golem hurla… puis éclata en poussière.
Quand il rouvrit les yeux, il était seul. Radis avait disparu. Il se tenait au centre du désert… et les runes flottaient autour de lui.
Pas comme des menaces.
Comme des alliées.
Il se réveilla dans la salle d’isolation.
En sueur. Le souffle court.
Mais dans ses mains… la trace d’un nouveau pouvoir.
Un cercle magique, inconnu, lentement gravé dans sa paume. Un cadeau de Radis.
Et pour la première fois… il ressentit sa magie. Pas celle d’un autre. Pas un vestige. Pas une relique.
La sienne.
Kiro sourit faiblement.
— J’arrive, monde.
Fin du Chapitre 9.